Dans l'azur et le cyan (2021) |
Dans l'azur et le cyan,
deux astres vifs et brûlants se courtisent patiemment... Mais quand vient la fin du jour, les deux timides amants, dans la mer et dans le vent, embrasent passionnément tout l'air et tout l'océan et les berges qui l'entourent. Et quand vient la fin du jour, les moires du Saint-Laurent, illuminant tout autour, inondent les habitants de l'onde et du firmament de fraîches vagues d'amour. |
Pandore (2021) |
Avec le temps gronde le vent aux fontanelles
soufflant l’immonde au toit du monde qui me voile. Dans le bruit noir du vieux grimoire je me rappelle de la chaleur venant du cœur de cette toile : Doux subterfuge du refuge de tes robes! En labyrinthe ton étreinte, sage Pandore, berce la boîte trop étroite qui m’enrobe et m’alanguit, je m’y blottis et je m’endors... Sous la cloison de ma raison je me console; bien que petite tôt abrite un univers. Quand je m’éclaire à la lumière de ma boussole, sur le tapis de mes soucis luisent les vers. Confinées à jamais dans le grenier du monde, sous la charpente sombre des sens interdits, les âmes inspirées se couchent sur le dos car le ciel est si beau! Si beau à travers la lucarne. Puis vient le vaste de néfastes éternelles et les fantômes enflent le dôme de rafales. Avec le temps trombe le vent aux fontanelles soufflant l’immonde au toit du monde qui me voile. Doux subterfuge du refuge de tes robes! En labyrinthe ton étreinte, belle Pandore, berce la boîte trop étroite qui m’enrobe et m’alanguit, je m’y blottis et je m’endors... |
Les Marins de l'espace, cycle (2019-2021)
I. Décollage
Les étoiles dans les yeux, la pléiade de frères Émerveillés admire le courage combiné de deux cent téméraires levant un grand navire, semant dans son sillon l’hymne d’une nouvelle ère de grands explorateurs : Hissez haut, matelots, hissez haut! Hi! Héi! Ho! Matelots! Hissez haut la promesse des hommes! Les regards aspirés par l’étrange lumière se mêlent aux aurores, propulsant dans l’azur la grand voile solaire parmi les météores, diffusant aux oreilles de lointains hémisphères l’épopée des marins : Hissez haut, matelots, hissez haut! Hi! Héi! Ho! Matelots! Hissez haut la destinée des hommes! Les enfants de la nuit rêvent d’une atmosphère Peinte aux couleurs du jour Dieu fait les choses en rond pour qu’une âme qui erre Retrouve ses amours S’ils voguent infiniment ils reviendront sur Terre en chantant victorieux : Hissez haut, matelots, hissez haut! Hi! Héi! Ho! Matelots! Hissez haut la patience des hommes! |
II. Orion
Sous la voute céleste au profond de la nuit j’ai vu cligner de l’œil une brillante étoile un rayon de folie que les rêves dévoilent j’ai cru encore une fois, Maman, que c’était lui. Je revois le vaisseau porté par la lumière emportant en son sein nos pères et nos espoirs. Je me souviens aussi de l’eau de ton regard et ne sais si tes larmes étaient tristes ou fières. Je te promets maman comme il nous a promis de conter à Orion pour la centième fois ce qu’il a cent fois lu dans ses livres d’histoire. Et comme toi maman toute une ère avant lui Orion en sentinelle guettera chaque soir la promesse éternelle du retour de Papa. (Hissez haut la patience des hommes.) |
III. Tout est calme dans l'univers
Tout est calme dans l’univers
car aucun vent ne souffle
sur nos jours l’ancienne colère
des vastes nébuleuses.
Tout est vide à travers les astres
car aucun vent ne porte
par-delà d’augustes espaces
les bruits de notre monde.
Tout est beau vu du haut du ciel
d’où nos peines éphémères
réfléchissent blafardes
l’humiliante lumière
des étoiles.
La Flamme (2019) |
La flamme naît de la flamme.
Son onde en lune étrange dévoile aux yeux du soir la face cachée des anges et fait place à la danse : La valse flamboyante entre la flamme et l'ombre enlacées en silence disperse la nuit lente et s'éteint à l'aurore Ainsi la flamme sombre. Mais, des braises ardentes, sous la cendre féconde jaillit une étincelle comme une idée nouvelle qui exhausse les âmes illuminant le monde. La flamme naît de la flamme. |
Le ballet des fantômes (2019) |
Les mémoires étalées
sur un écran de ciel dévoilent une image éthérée. Ainsi naissent les spectres, valsant après l’aurore, hululant les chansons d’autrefois. Le ballet des fantômes pendus aux empyrées par les ficelles du souvenir Qui une nuit se hissent avec ceux qui les portent et les frêles esquisses s’envolent. |
Les Astres, cycle (2017)
I. Jupiter
Jupiter voulait être grand comme un Soleil. |
II. Des lunes
Un rayon d'or réveille celui qui dort, qui veille depuis des lunes Et des lunes, et des lunes... |
III. Neptune
Les yeux ronds, ronds comme Neptune
Les souvenirs bleus, bleus comme Neptune
L'amour grand, grand comme Neptune
Les yeux ronds, ronds comme Neptune
Les souvenirs bleus, bleus comme Neptune
L'amour grand, grand comme Neptune
IV. Pluton
Si petite si menue Si petite Pluton s'est perdue Pluton se promenait trop loin, trop vite Elle se moquait de l'écliptique Non, non, non Pluton! Si petite si menue Si petite Pluton s'est perdue |
V. Saturne
La vie sait attendre un baiser de Saturne. |
Le Bestiaire, cycle (2015)
I. Le Hibou
Sous son air marabout Le regard en dessous Sous son air marabout À quoi pense le hibou Hou! Il cherche les yeux doux À s’en tordre le cou À s’en tordre le cou Il cherche les yeux doux Hou! S’il a réponse à tout Une question le rend fou S’il a réponse à tout Une question le rend fou Où? |
II. Le Chat
Ce matin sur le tapis Une souris morte En boule sur mes chaussures Le chat semble dire : « Toi! Grand chat sans poil! Tu échoues à ‘’être chat’’! Prends ceci et ne meure pas… » C’est comme ça que le chat aime C’est pour ça que j’aime le chat. Ce midi dans la cuisine J’entends qu’on m’appelle Perché en haut d’une armoire le chat semble dire : « Toi! Grand chat sans poil! Descend-moi vite de là! Avant que quelqu’un me voit… » C’est comme ça que le chat aime C’est pour ça que j’aime le chat Cette nuit dans le silence On gratte à ma porte le chat n’ayant plus sommeil est venu me dire : « Toi! Grand chat sans poil! Je n’ai pas besoin de toi! Je préfère quand tu es là… » C’est comme ça que le chat aime C’est pour ça que j’aime le chat |
III. Le Lion
Déjà il s’endort… Faites entrer le lion Faites-lui croire qu’il est le roi Faites entrer le lion Si dans l’arène il a son règne Il s’en ira nier sa reine Tant qu’il a son bâton Déjà il s’endort… |
IV. L’Éphémère
L’Éphémère ne vit pas longtemps Ce fâcheux contretemps l’engage À interrompre ses verbiages Et se taire prématu... |
V. L’Écureuil
Un rayon de soleil sous la canopée éclaire un sage écureuil blanc Les regardant dans les yeux Il dit d’un air sévère et franc À ses enfants : « chip chip chip chip etc…» Oh là là! sage Écureuil J’n’aurais pas dit mieux! |
VI. Le Paresseux
Tout va trop vite pour le paresseux qui tente en vain d’échapper aux conflits du monde en ne demandant à la vie qu’un peu de temps pour goûter à chaque feuille, à chaque instant, à chacun d’entre eux qui voudraient passer du temps à ne rien faire lentement. |
VII. Papillon
Papillon
si longtemps chrysalide
Si lointaine chenille
Qui enfin cabriole
Fertile liberté
Papillon
Ta grâce est éphémère
Qui ne peut profiter
seulement recevoir
sans ne jamais donner
Papillon
Dois à ton élégance
ta vivacité
Tes ailes ne sont belles
Qu'en dedans firmament
Et bientôt déposées
Papillon
Le temps d'un poème
tu appartiens au reste
par le temps dépassé
Papillon
Papillon
si longtemps chrysalide
Si lointaine chenille
Qui enfin cabriole
Fertile liberté
Papillon
Ta grâce est éphémère
Qui ne peut profiter
seulement recevoir
sans ne jamais donner
Papillon
Dois à ton élégance
ta vivacité
Tes ailes ne sont belles
Qu'en dedans firmament
Et bientôt déposées
Papillon
Le temps d'un poème
tu appartiens au reste
par le temps dépassé
Papillon